L’adoption : un engagement juridique et humain

Vous envisagez d’adopter ou souhaitez comprendre les étapes et les implications de ce processus complexe ?

L’adoption est bien plus qu’une simple démarche administrative, c’est un véritable engagement qui modifie les liens familiaux de façon profonde.

 

Maître Marine Dranguet, notaire à Barentin, près de Rouen, répond à nos questions.

 

  • Quels sont les différents types d’adoption ?

Tout d’abord, l’adoption est un mécanisme permettant de créer un lien de filiation

entre l’adoptant et l’adopté. Il existe deux types d’adoption :

L’adoption simple : le nouveau lien de filiation ne vient pas rompre les liens

existants avec la famille biologique, mais vient s’y ajouter.

L’adoption plénière : cette adoption vient définitivement rompre et remplacer les

liens avec la famille biologique.

 

A savoir : L’adoption rencontrée régulièrement par le notaire est l’adoption simple de l’enfant du conjoint de l’adoptant.

 

L’adoption est prononcée par décision judiciaire. Cependant, lorsque l’adopté a plus

de 13 ans, son consentement doit être recueilli devant notaire. Le recours à un avocat sera

obligatoire si l’adopté a été recueilli par l’adoptant après ses 15 ans.

Les conditions à remplir sont sensiblement similaires entre les deux adoptions, la

plus grosse différence étant les effets de l’adoption.

 

  • Quels sont les droits successoraux des enfants adoptés ?

– Dans le cas de l’adoption simple : l’adopté a vocation à hériter dans ses deux familles.

Cependant, l’adopté ne sera pas héritier réservataire de ses grands-parents adoptifs, ces

derniers pouvant donc le déshériter. De plus, concernant les droits de mutation à titre

gratuit, il n’est pas tenu compte du nouveau lien de parenté. Par conséquent, l’adopté

pourrait être imposé jusqu’à 60%, comme une personne tierce. Ce principe rencontre

plusieurs exceptions comme celle de l’adoption de l’enfant du conjoint de l’adoptant.

– Dans le cas de l’adoption plénière : l’adopté ne détient plus du tout de droits

successoraux dans sa famille d’origine mais devient héritier réservataire dans sa

famille adoptive.

 

  • L’enfant adopté prend-il le nom de son adoptant ?

– Dans le cas de l’adoption simple : le nom de l’adoptant peut s’ajouter au nom de

l’adopté ou le remplacer, mais ce n’est pas une obligation.

– Dans le cas de l’adoption plénière : l’adopté prend le nom de famille de

l’adoptant.

 

  • Qui détient l’autorité parentale ?

– Dans le cas de l’adoption simple : l’autorité parentale est exercée exclusivement

et intégralement par le parent adoptif, sauf dans le cas de l’adoption de l’enfant

de son conjoint. Dans ce dernier cas, l’autorité parentale peut être exercée

conjointement par le couple à condition qu’une déclaration conjointe ait été

effectuée.

– Dans le cas de l’adoption plénière : l’autorité parentale est exercée

exclusivement et intégralement par le parent adoptif, seul ou en commun avec

son conjoint s’il s’agit de l’enfant de ce dernier.

 

  • Qu’en est-il de l’obligation alimentaire ?

– Dans le cas de l’adoption simple : l’obligation alimentaire est réciproque entre

l’adoptant et l’adopté. L’adopté continuera d’assumer pleinement l’obligation

alimentaire à l’égard de ses parents par le sang. Cette obligation ne profite

néanmoins pas aux ascendants de l’adoptant mais elle profite aux descendants

de l’adopté. L’obligation alimentaire des parents par le sang devient subsidiaire

à celle de l’adoptant, ce dernier assumant principalement cette obligation

alimentaire.

– Dans le cas de l’adoption plénière : l’obligation alimentaire est réciproque entre

l’adoptant et l’adopté. Il n’existe plus d’obligation alimentaire entre l’adopté et sa

famille biologique, sauf dans le cas de l’adoption de l’enfant de son conjoint.

 

  • L’adoption peut-elle être révoquée ?

– Dans le cas de l’adoption simple : l’adoption simple peut être révoquée par

jugement pour motifs graves. La séparation ou le divorce de l’adoptant et du

conjoint de l’adoptant est sans effet sur l’adoption

– Dans le cas de l’adoption plénière : l’adoption plénière est irrévocable.

 

Notre conseil : Impliquez un notaire dès le début de votre démarche d’adoption.

Son expertise vous permettra d’anticiper les aspects juridiques complexes, de sécuriser les

documents, et de vous assurer que chaque étape est bien conforme à la législation.